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DES MERES BOTANISTES

Isadora DUNCAN

Le mariage est, à mon avis, le pire ennemi des enfants, qui en sont les pauvres petites victimes. Sans cet accouplement sinistre, routinier, misérable, pitoyable et inepte de la pauvre Mme Brown avec le grincheux, revêche et sournois M. Brown, les pauvres petits Brown auraient peut-être eu leur chance dans la vie.

Toute mère devrait être libre de faire un travail décent à l’extérieur, tandis que les femmes qui ont la vocation d’éduquer les enfants devraient recevoir une formation pour cette belle profession afin de s’occuper aussi bien des enfants des autres que des leurs. Ainsi les mères du monde entier seraient libres d’essayer des pères capables de faire des enfants heureux, comme le botaniste fait des essais de fertilisants pour obtenir une bonne graine...

Pourquoi une femme qui est une mère dans l’âme devrait-elle avoir du même petit avorton dégénéré de père jusqu’à six ou huit enfants ? Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de choisir un père meilleur pour son sixième que pour son premier enfant ?

Peut-être, dans certains cas, lorsqu’il était jeune, le père a-t-il été apte à ce rôle ? Mais, devenu, à cinquante ans, un homme aux genoux cagneux, il a la tête trop froide pour être capable de quoi que ce soit de spirituel.

Quelle absurdité de vouloir qu’une femme ne mette au monde des enfants que d’un seul père !

‘Isadora speaks - Writings and Speeches of Isadora Duncan’- 1923-



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