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LA LIBERTE D’ASSOCIATION
ET LA QUESTION DES SECTES


Jésus-Christ et le Bouddha Shakyamuni sont les gourous les plus célèbres ; c’est ainsi. Tous deux ont en leur temps créé une secte nouvelle. L’un a défié la religion juive, l’autre l’hindouisme.

La secte est une association de personnes qui échangent sur des idées religieuses ou philosophiques dans lesquelles l’ensemble de leur communauté ne se reconnaît pas.

Au nom de la liberté d’association, résultante de la liberté d’expression, une secte a le droit d’exister. Mais pourquoi les sectes posent-elles problème ? La première cause est leur caractère communément religieux : effectivement, depuis un siècle, l’Etat français n’a plus de droit de regard sur les questions religieuses. Il ne peut donc plus, pour l’interdire, décréter que telle pratique sort du cadre religieux. C’est le problème posé par exemple par le refus de la transfusion sanguine par les Témoins de Jéhovah, car les enfants des adeptes ne sont pas consultés et eux choisiraient peut-être de prolonger leur vie plutôt que d’obéir à la loi de leurs parents. Mais on pourrait très bien imaginer aussi une secte qui décide que l’enseignement doit être réservé aux garçons. Si l’Etat n’exerce pas son droit de contrôle des connaissances, il y a un réel risque de dérive. Toutefois, les programmes de l’Education Nationale ne sont pas du tout neutres non plus, ils visent clairement à l’instillation indolore d'une philosophie ultra-libérale dans les jeunes esprits. Et comment trier ce qui est neutre de ce qui ne l’est pas ? Est-ce que le silence sur les grandes religions du monde est un gage d’impartialité ? Je pense qu’en dissimulant les courants idéologiques et spiritualistes contemporains, l’Etat français commet une faute lourde. La foi dans le ‘toujours plus de confort’ a fait les beaux jours de l’après-guerre mais elle ne séduit plus la jeunesse d’aujourd’hui. Celle-ci, privée désormais d’utopies, traverse une grave crise existentielle qui explique un grand nombre de suicides. Le suicide est, après les accidents de la route, la deuxième cause de décès chez les jeunes, par la faute de la génération précédente. Les personnages de l’Etat sont des vieux parents qui refusent de voir que leur temps est révolu. Que les gouvernements aiment ou non cette idée, les très nombreuses associations d’inspiration spiritualiste militant sur notre territoire pallient leurs carences. L’Etat est fourbe et lâche quand il crie au loup parce qu’une secte a abusé de la confiance de ses adeptes. Je crois plutôt à un calcul politique. Nos politiciens n’ignorent pas que les groupe de dissidence ne sont pas très différents de l’ensemble de la société et qu’il s’y égare comme partout un certain nombre de personnes fragiles. Ils utiliseraient plus utilement leur temps en s’intéressant de plus près aux pédomaniaques par exemple. Cette criminalité est plutôt bien distribuée dans la population et touche indifféremment les groupes masculins religieux, sectaires ou chefs de famille. Il y a aussi chez les politiciens, très impliqués dans la course à la notoriété, de la peur et de la culpabilité à l’égard de leurs propres enfants. Ces enfants, qui leur reprochent de les avoir négligés, sont les proies privilégiées des faux gourous.

Parmi les centaines d’associations thérapeutiques, philosophiques, spirituelles ou purement religieuses qui sont actives en France, les groupes représentant un danger potentiel se comptent sans problème sur les doigts d’une main alors que leurs méfaits sont médiatisés de telle manière que la France entière s’en trouve à chaque fois sens dessus dessous. Abattre la forêt pour savoir où se cache le loup. Voilà où en sont les hommes de notre soi-disant démocratie. De cela aussi, les Français doivent être informés.

D’autre part, qui dans le gouvernement aurait la qualité pour faire des lois concernant les sectes ? Les politiciens ont des formations de spécialistes en droit, en économie ou en finance ; ils sont manifestement pitoyables en matière de spiritualité et le contraire serait très étonnant. Ils se font donc conseiller par des représentants des grandes organisations religieuses ou par des athées militants, naturellement hostiles aux mouvements spiritualistes minoritaires puisque que ces derniers leur font de l’ombre.

La seconde cause du malaise autour des sectes vient de ce que ces groupes peuvent parfois agir au nom de croyances incompréhensibles pour le citoyen moyen. La loi surnaturelle est chez les spiritualistes supérieure à la loi des hommes. Ils peuvent refuser, au prix de leur vie, de se soumettre aux règles républicaines. Le gouvernement ne comprend pas ; il panique et perd pied ; car la puissance d’un gouvernement est complètement tributaire du degré de respect que les citoyens veulent bien lui accorder. Il ne peut rien faire pour ces militants spiritualistes car leurs demandes touchent un domaine auquel ils sont totalement hermétiques. Quand un homme du peuple demande du pain, du travail, un logement, le ministre est à son aise. Il apparaît sur le devant de la scène. Faute de pouvoir satisfaire les quémandeurs, il peut promettre en attendant que les agitateurs s’épuisent. Mais quand le peuple demande où conduisent ces congrès ‘mondialistes’ qui réunissent la poignée des pays riches de la planète, quand il veut savoir s’il y a un peu plus de sérénité à la clé, le gouvernement est incapable de rassurer. Alors, immédiatement il doit recourir à la répression. Les gouvernants n’ont rien à promettre aux dépressifs, aux divorcés, aux femmes battues, ou à tous les malheureux qui ont pourtant ‘tout ce qu’il faut pour être heureux’.

L’Homme ne vit pas seulement de pain et de sexe. C’est uniquement son aptitude à la spiritualité qui le place au dessus du règne animal. Le gouvernement doit l’admettre et cesser de se voiler la face. Il doit enseigner de façon satisfaisante et impartiale tous les courants religieux et spiritualistes qui existent par le monde. C’est-à-dire que ces enseignements doivent être dispensés par des adeptes des groupes de croyance respectifs. Faire intervenir uniquement des membres des communautés monothéistes, c’est encore tromper le peuple.

Par ailleurs, l’enseignement de l’histoire des femmes et des luttes féministes doit être rendu obligatoire, comme c’est déjà le cas dans certains pays. Les femmes ont le droit de savoir que le patriarcat n’a pas toujours existé, qu’elles ont été dépouillées de leurs droits et de leurs biens il y a de cela bien longtemps. Elles doivent savoir qui sont ces femmes et ces hommes qui se sont battus pour elles. Ceci afin qu’on ne voie plus de femmes ou de jeunes filles renier le féminisme pour mieux séduire les hommes. Quand les femmes sauront qui elles sont, elles cesseront de se laisser abuser par les sectes comme par les gouvernements.

L’apparition d’une secte est une réponse à des carences ou une résistance à l’oppression. Les mouvements de recherche spiritualistes ou philosophiques tentent, parfois avec succès et parfois avec maladresse, un rééquilibrage salutaire de nos valeurs. Empêcher la vie de suivre son cours, c’est vouloir détourner le cours d’un fleuve, et c’est l’avenir de notre civilisation qui est en jeu.

La réalité d’aujourd’hui, c’est que les organismes chargés de la défense des Droits de l’Homme comptent en leur sein nombre d’hommes et de femmes à la botte du gouvernement. Nous devons exiger l’indépendance des organisations des Droits de l’Homme à l’égard du pouvoir comme nous le demandons pour la Justice.

Prétendre que les Français ont la liberté d’association est un mensonge : La liberté d’association est morte la veille de l’anniversaire de son centenaire ; la liberté est ou elle n’est pas, mais elle ne saurait être amputée. Le gouvernement français a créé le délit d’abus de faiblesse. Donc, désormais, pour partager, communiquer ou défendre son opinion en toute quiétude dans le cadre d’une association, il faudra être certain que personne ne vous écoute !

Les sectes sont des associations, ou des laboratoires d’idées. Aucun homme politique en France ne possède la sagesse nécessaire pour reconnaître parmi elles le germe du renouveau dont notre survie dépend.


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