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LE SALAIRE, UN OUTIL
LIBERATEUR POUR LES FEMMES  ?


Le féminisme du vingtième siècle promettait qu’un travail et un salaire garantiraient aux femmes protection contre la pression patriarcale. Aujourd’hui, à l’aube du vingt et unième siècle, il faut convenir que la promesse n’a pas été tenue.

A moins que le travail soit d’abord source de créativité, il n’est pas émancipateur. Espérer en faire l’outil d’émancipation des femmes est donc a priori un leurre. Une femme sous l’emprise abusive de son mari, en se salariant, transfère en effet sa souffrance vers une relation d’employée soumise à la fantaisie d'un patron.

Dans le monde rural français, la domination patriarcale est, toujours aujourd’hui, moins cruelle que dans les villes ; simplement parce que la dépendance économique entre hommes et femmes y est souvent réciproque.

Hommes ou femmes, les plus forts cherchent à écraser les plus faibles. Un des remèdes à l’oppression est certainement de faire en sorte que l’apport des femmes dans le budget familial soit incontournable. Toutefois, ce sont les femmes qui portent les bébés, c’est-à-dire les hommes de demain, et cela pour toujours. Le féminisme peut le déplorer mais les femmes l’assument le plus souvent librement. Une grossesse représente une période négligeable mais l’éducation d’une fratrie remplit l’essentiel de la vie active d'une mère. Globalement, la précarité vécue par les femmes est liée à leur refus de voir la réalité pour ce qu’elle est.

D’abord, c’est vraiment manquer de raison que de croire qu’on peut changer le monde tout en confiant l'éducation des jeunes garçons à n’importe qui, comme on joue à la roulette. L’éducation doit rester sous le contrôle de femmes conscientes du sexisme au quotidien, parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Et puis, plutôt que de courir derrière les performances masculines, les femmes doivent user de leurs propres atouts et elles n’en manquent pas. Par le fait qu’elles portent la vie en elles, elles sont moins vulnérables que les hommes. Elles savent vivre sans les hommes, les hommes vivent beaucoup plus difficilement sans les femmes. En entrant dans le salariat, nous abandonnons notre bastion, parce que nulle ne peut alterner les rôles de valet et de gouvernante deux fois par jour sans en être perturbée.

Les femmes font sans rémunération les achats du ménage, lesquels poussent de l’avant le besoin de produire. Elles participent à la production, mais à des tarifs d’esclaves puisque les hommes squattent les positions économiques stratégiques depuis leur jeunesse, cette époque de la vie où leurs compagnes ne sont présentes qu’en pointillés sur le marché du travail.

La nature a fait les femmes différentes des hommes et la discrimination positive doit être le pendant nécessaire des handicaps causés par le choix ancestral de société patriarcale. L’Etat a l’obligation morale d’aider les femmes à créer des petites entreprises sans recours à la caution financière des hommes, et leurs droits sociaux ne devraient en aucun cas être suspendus aux revenus des conjoints.

Les femmes doivent en même temps comprendre qu’il y a deux façons de ne manquer de rien : la première consiste à gagner toujours plus, la seconde à réduire ses besoins. La recherche spirituelle a cette double vertu de rendre plus fort tout en faisant prendre conscience de l’inutilité d’exaucer toutes les velléités quotidiennes. La soif de posséder devient titanesque si on l’assouvit sans retenue.

L’indépendance matérielle des femmes est certainement un excellent bouclier contre la violence dans le couple. Une femme autonome garde les hommes, car eux aussi vivent dans l’insécurité : mondialisation galopante, mutations industrielles, etc ; si elle est le pilier du couple, elle bénéficiera en retour du confort apporté par les hommes dont elle se sera attaché les faveurs.

Un homme qui n’a pas de soucis à se faire pour sa compagne et ses enfants pourra mieux s’investir dans une carrière véritablement choisie et non plus rester sous la coupe de multinationales ou de patrons peu scrupuleux. Alors sa partenaire participera-t-elle peut-être de son propre gré à l’entreprise. Si tous les hommes choisissaient le plan de carrière dont ils rêvent, le monde serait d’un coup transfiguré.

Fondamentalement, seule une révolution intérieure induite par les femmes pourra modifier le cours de la marche du monde.



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