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DE L’INCESTE A LA PROSTITUTION


La majorité des femmes prostituées ont été victimes d’abus sexuels. Il est impossible d’écarter cette réalité d’un revers de la main en arguant de façon désinvolte que si un lien existait entre inceste et prostitution, toutes les victimes d’inceste recourraient plus tard à la prostitution.

Les sexologues prétendent que les victimes d’inceste auraient quelque chose de cassé en elles, qu’elles ne seraient plus vraiment elles-mêmes et qu’une rééducation serait indispensable.

Aux sexologues qui savent tout, je voudrais dire ceci : « Rien n’est cassé chez elles, cessez de les confondre avec des handicapées mentales et écoutez-les sérieusement quand elles parlent. Le rideau qui les séparaient du théâtre de la vraie vie est tombé et elles ont pu voir de leurs propres yeux ce qu’on voudrait garder secret. Les hommes moyens, les ‘Monsieur Dupont’ comme les ‘Monsieur de La Roche Percée’, jouent les grands seigneurs pendant le jour, mais tout cela n’est que de la poudre aux yeux. Plus fort que l’amour, il y a ce besoin chez eux obsédant de comprendre pourquoi et comment ils ont pu naître d’une femme. Plus naïfs que les enfants, ils espèrent trouver la réponse en visitant et revisitant le lieu d’où ils sont venus. Les plus colériques peuvent même se déchaîner contre leur compagne après le coït parce qu’elle n’a pas livré le secret de leur origine, comme l’homme avide qui tue la Poule aux œufs d’Or. Le consentement de la femme leur importe peu ou pas du tout. La femme, elle, prend bonne note de la loi qui prévaut dans notre triste société. Dans la mesure où elle accepte la règle du jeu, elle va se l’approprier et l’exploiter : son corps est un bien qui lui appartient et, les hommes ne pouvant s’en passer, elle ne verra aucun inconvénient à en faire son gagne-pain.» L’enfant ne possède rien, seulement son corps, il n’a pas d’autre alternative que d’obéir aux adultes, ces grands qui abusent de sa confiance. Et un jour, sans crier gare, c’est la Trahison. Les grands jouaient un rôle et on les a découverts tels qu’ils étaient vraiment. Un tel accident a forcément des conséquences désastreuses. L’enfance est terminée. Voilà des jeunes filles qui ne comprendront jamais ce que signifie ‘adolescence’. C’est l’adulte qui passe en un jour sous surveillance. L’endoctrinement qui, jusqu’à un certain âge, conduit les enfants à imiter leurs parents, n’opère plus. Tous les ordres, tous les comportements, tous les mots des adultes passeront désormais au tamis de leur jugement.

Nous savons maintenant que la matière n’est qu’énergie. La frontière de notre silhouette n’est pas la limite véritable de notre corps. Notre corps s’étend autour de nous sous forme invisible. Nos yeux ne perçoivent que la partie la plus dense. C’est la cause de tous les problèmes de la grande promiscuité. On aime la proximité de ses amis parce qu’on fait avec eux des échanges bénéfiques. Au contraire, on ne peut rester au voisinage d’une personne dont l’aura est incompatible avec la nôtre. Lors d’une agression sexuelle, au moment où l’agresseur vous touche, l’effraction a déjà été commise. Les deux corps énergétiques se sont chevauchés. Le violeur se délecte du Parfum d’une vie encore pure et candide. C’est un buveur de Parfum, une sangsue. Il vient de commettre un méfait qu’il n’aura jamais les moyens de réparer. Quand un parfum s’est envolé, c’est à jamais.

Une fois débarrassée du sinistre individu, il ne faut pas être surprise d’éprouver le besoin de se laver, bien que toute l’eau de l’océan n’y puisse rien. L’odeur nauséabonde va stagner là, peut-être pendant le reste de la vie de la victime. S’il n’est pas trop tard, le corps vital pourra se régénérer, mais le drame ne s’arrête pas là. L’esprit a enregistré une information nouvelle et n’oubliera jamais d’en tenir compte. Il ne peut plus boire les paroles des adultes, des curés par exemple, et entendre que ‘la femme doit quitter ses parents pour suivre son mari’ et que ‘ce que Dieu a lié sur la Terre sera lié dans le Ciel’. Tout le monde peut gloser sur la meilleure manière de faire tourner le monde, l’enfant victime d’abus sexuel n’écoutera plus qu’elle-même. Et si sa famille et son pays ne lui ont pas préparé de place pour survivre, elle va naturellement envisager de monnayer l’accès à son corps, son unique outil de travail. Qu’on ne lui parle pas de Sacré quand chacun veut jouer les conseillers : ‘Faites comme je dis, non comme je fais’. Tous sont emportés dans une course effrénée au profit. Qu’est-ce que cette enfant peut faire d’autre qu’essayer de retenir quelques miettes ? Pour une femme qui a été victime d’un inceste, même si les hommes qu’elle rencontre ne lui disent rien qui vaille, même si la perspective de se souiller à leur contact lui répugne, la nécessité de nourrir ses enfants peut la contraindre à recourir à la prostitution. Il ne faut pas confondre un corps saccagé par un envahisseur avec un lieu de péché. Lors du premier abus sexuel, la compréhension que le caractère Sacré du corps humain est une pure construction mentale s’imprime en soi à la manière de l’image qui se révèle sur la pellicule photographique. D’où vient cette idée de péché de la chair ? Des hommes bien sûr, des hommes qui culpabilisent parce qu’ils volent à qui mieux mieux le Parfum de la Femme, ce Parfum qui commande le goût de vivre. Et ils accusent la Femme de les avoir ‘fait tomber’ en distillant son charme. Quelle bassesse ! La Préhistoire n’est pas encore derrière nous.

L’antidote à la pédocriminalité serait simple à appliquer si les hommes étaient de bonne foi. La sanction la plus adaptée est aussi la plus dissuasive : une rente à vie pour la victime, dont l’existence est exposée à la précarité pour le reste de ses jours.

Les femmes qui en ont décidé ainsi peuvent vivre de leurs charmes. Qu’elles fixent elles-mêmes leur prix quand elles trouvent des hommes qui méritent leurs services. Plus le prix sera élevé, moins le terme de prostitution sera approprié. Excepté naturellement dans les cas de proxénétisme où nous devons parler d’esclavage et en définitive d’assassinat.



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