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LE MATRIARCAT DE DEMAIN


La femme partage la vie de son bébé pendant les neuf mois qui précèdent sa naissance. Pourquoi la femme ? La Nature a ses raisons. Il n’existe pas de mission plus respectable et difficile que de guider un enfant jusqu’à sa naissance, et les hommes n’ont pas les qualités ni la psychologie appropriées pour mener à bien cette mission. L’homme est supérieur à la femme en force musculaire tandis que la femme exécute chaque acte de la vie avec davantage de minutie, de concentration et d’amour de ce qu’elle fait. Le succès d’une génération se joue complètement dans le for intérieur des femmes qui la font naître. Chaque pensée, angoisse ou joie, chaque activité, chaque choix de la future maman imprime sa marque sur l’enfant. La femme sait d’instinct où est l’essentiel. L’enfant se confondant avec sa propre chair, elle seule saura prendre les décisions utiles pour le protéger. Le père devra être attentif et aider la maman dans sa tâche, notamment quand la force physique sera nécessaire.

La femme sait donner la priorité à l’éducation et à la santé des enfants, c’est pourquoi c’est à elle que doit être confié le budget du foyer. Dans les pays qui connaissent la famine, on voit des hommes accaparer l’aide alimentaire avant la distribution, et les travailleurs de l’humanitaire sont contraints de veiller pour que la nourriture soit bien remise entre les mains des femmes. Dans les divorces, on voit souvent les pères revendiquer leurs droits mais ils oublient vite leurs devoirs et j’en ai même rencontré un qui avait oublié qu’il avait mis des enfants au monde.

Le lien mère-enfant est pratiquement indéfectible, du moins il l’était jusqu’au jour où on a commencé à nourrir les bébés humains avec le lait destiné aux veaux, tandis que le lien père-enfant est soumis à conditions. L’Etat ne se soucie pas des conditions de vie des mères : il se contente de veiller à ce que les enfants soient à peu près nourris et vêtus. Il ignore superbement ses responsabilités à l’égard des femmes. Au nom de leur mission supérieure, elles devraient être à l’abri du besoin quoi qu’il arrive. Et sans parler de cela, c’est déjà au nom de l’enfant que l’Etat est un criminel quand il laisse la femme enceinte dans la peur de manquer ou d’être violentée par le père.

Il n’est pas question de généraliser car on rencontre de temps à autre des pères responsables, comme il existe des femmes irresponsables, mais si nous avons le souci de relever la qualité de notre civilisation, nous devons observer lucidement les mœurs de notre temps. Dans l’ensemble, si les hommes restent durablement près de la mère de leurs enfants, c’est par crainte de la solitude ou par devoir, beaucoup plus rarement par sentiment de reconnaissance ou par amour. Quels que soient les vertus ou les mérites de leur compagne, ils sont toujours enclins à aller vers la femme pleine du charme de la jeunesse qui flattera leur virilité. La femme qui rencontre un homme de valeur sait faire tout le nécessaire pour le retenir ; voilà un autre argument qui plaide en faveur de la femme maîtresse des biens du ménage. La femme ne retiendra que l’homme qui lui sera d’un soutien réel.

La majorité des femmes sont inconscientes de toutes ces choses. Après des millénaires de régime patriarcal, elles ont définitivement admis leur soi-disant infériorité. Elles trouvent désormais tout naturel de laisser les hommes se servir les premiers et de se contenter des restes. Elles ont perdu leur fierté au point que, pour séduire le premier homme venu, certaines n’hésitent pas à insulter et tourner en dérision les féministes qui se battent pour leur cause.

A l’origine de notre société patriarcale, les hommes ont usurpé un pouvoir qui appartenait aux femmes. Les femmes vivaient en communautés, veillaient sur les enfants et exploitaient les terres du clan maternel avec leurs frères. Comme on ignorait la façon dont les enfants venaient au monde, les hommes appartenaient toute leur vie au clan de leur mère. Les femmes invitaient dans les logements de leur communauté les hommes qu’elles aimaient et qui participaient à la bonne marche de la communauté. Quand ces hommes manquaient à leurs obligations, ils se voyaient renvoyer par les femmes quel que fût le nombre de leurs enfants biologiques. Les enfants jouissaient de la protection et de l’affection des oncles maternels.

Les hommes avaient pour fonction sociale de rapporter du gibier et de protéger le clan maternel des agressions extérieures pendant que les femmes cultivaient la terre. Plus tard, par souci d’efficacité, les hommes se sont chargés eux-mêmes de l’agriculture. C’est alors que les femmes, qui avaient jusque là fait fructifier la terre pour le bénéfice de toute leur famille, sont tombées dans la dépendance économique et donc déjà dans une forme d’esclavage.

Avant cela, les femmes ne tiraient aucune gloire de la supériorité que leur apportait la maternité, mais les hommes, eux, y étaient sensibles, parce qu’ils en appréciaient mieux la valeur. Elles ne pouvaient deviner qu’un jour les hommes se déclareraient propriétaires des enfants, et que les religions elles-mêmes consacreraient le droit de vie et de mort des pères sur toute leur famille : c’est pourtant ce qui s’est produit. La guerre entre les sexes n’est pas une crise des temps modernes. Aujourd’hui, nous savons que l’enfant appartient et à sa mère et à son père mais c’est toujours la mère qui porte l’enfant. C’est elle qui risque sa vie à chaque grossesse, c’est elle qui est liée pour la vie à ce nouvel être qui vient au monde. Elle ne pourra pas fuir ses responsabilités si l’enfant n’est pas conforme à ce qu’elle avait rêvé, ou si son fils devient criminel. Notre société ne peut pas se glorifier d’être civilisée car les femmes vivent presque toutes dans la dépendance des hommes, soit pour leur subsistance, soit pour leur logement. Il est rare qu’une banque consente un prêt important à une femme sans exiger la garantie d’un homme. Les hommes hébergent les femmes, et celles-ci se croient obligées de faire l’amour et de faire des enfants avec ces ‘âmes généreuses’ qui les sauvent de la clochardisation.

Les femmes choisissent rarement les pères de leurs enfants. Une femme qui passe sa vie avec des enfants qu’elle n’a pas choisis ne connaît jamais la joie de vivre. Elle subit en cachant son amertume. Les femmes doivent impérativement être les propriétaires ou titulaires du bail de leurs logements afin d’être en mesure de choisir librement le géniteur de chaque enfant.

Les femmes doivent posséder en propre leur part des ressources du pays. Pour le moment, elles en sont à cinq pour cent. Certains prônent le salaire parental mais cette solution ne peut être viable, car on verrait les mères de famille descendre régulièrement dans la rue pour demander une augmentation, ce qui serait un spectacle vraiment pitoyable pour un pays qui se veut à l’avant-garde de la civilisation. Il faut ajouter que ce salaire ne solutionnerait pas le problème de la retraite des femmes car, une fois les enfants élevés, ces mères n’auraient plus aucune perspective de carrière. Encore plus grave, l’Etat, qui exerce déjà trop lourdement son influence sur l’éducation en imposant les programmes scolaires, pourrait désormais exercer des pressions sur les femmes dont les visées éducatives ne lui conviendraient pas. Nous nous dirigerions à coup sûr vers un Etat totalitaire.

Si les femmes possédaient leur part des richesses du pays, elles pourraient enfin commencer à vivre librement leur vie, et leurs vieux jours ne seraient plus menacés comme c’est le cas aujourd’hui. Toutes les femmes, mères de famille ou sans enfants, mariées ou célibataires, seraient protégées.

Les hommes, qui ne sont pas liés aux enfants par la maternité, pourraient entreprendre la construction de bâtiments, de villes et d’entreprises. C’est donc aux femmes que doivent revenir la terre et les biens immobiliers privés, tout ce qui permet d’assurer leur propre sécurité et celle de leurs enfants. Les femmes doivent également gérer les budgets les plus importants de l’Etat et être les garantes de toutes les lois qui les concernent de près ou de loin.

Ensuite, l’héritage de chaque homme doit aller pour moitié au moins aux femmes qui ont élevé ses différents enfants. Le contrat de mariage, s’il n’était pas un titre de propriété d’un homme sur sa femme, ne dépouillerait pas les autres mères de leurs droits légitimes. Mais le logement est sûrement le problème le plus urgent de tous. Comme je l’ai déjà dit, une loi doit être votée afin que les bâtiments et les terres reviennent aux filles par héritage. Non, ce n’est pas une exigence exubérante. C’est au contraire une solution équitable très adaptée aux problèmes insurmontables que nous vivons. Les femmes les plus démunies n’ont plus d’autre recours que de mettre leur corps à la disposition des hommes pour survivre. La violence domestique est omniprésente. Violence domestique et prostitution sont un seul et même problème. Les femmes victimes de violence protègent leurs enfants avant de se protéger elles-mêmes et n’ont pas les ressources suffisantes pour quitter le domicile. La loi leur donne d’ailleurs tort dans les séparations si elles ne peuvent pas présenter des marques de coups visibles comme preuves de maltraitance. Mais, en plus des victimes de violences déclarées, il y a toutes celles, infiniment plus nombreuses, qui font semblant d’être satisfaites de leur sort et se prostituent en silence à un compagnon ou un mari contre le droit à un toit. Par fierté ou crainte de l’opinion, par charité ou par sentiment de culpabilité, ces femmes se taisent, considérant à tort ou à raison que l’honneur de leur famille est en jeu. La prostitution dont les médias se font partout l’écho, celle qui est sous le contrôle des proxénètes, n’est en réalité que la partie émergée de l’iceberg. La partie invisible de l’iceberg, c’est quatre-vingts pour cent des femmes, qui sont logées par un compagnon ou un mari qu’elles n’aiment plus et qui ne sont pas autorisées à se déclarer sans-abri afin de bénéficier d’un logement personnel. L’unique solution consisterait pour elles à quitter la maison avec enfants et bagages pour se réfugier dans un foyer, si ces refuges étaient plus nombreux, puis à demander la charité. Les femmes n’osent plus rêver. Pendant des millénaires, elles ont appris la résignation.

L’organisation patriarcale de la société que nous connaissons aujourd’hui n’est pas universelle, et elle n’est apparue qu’à un moment donné de l’Histoire. Elle n’est pas éternelle car une civilisation qui traite les femmes en citoyens de seconde zone est condamnée à disparaître. L’heureuse nouvelle, c’est qu’on assiste actuellement à un retour de balancier en faveur des femmes. Ce mouvement a débuté le jour où les femmes sont devenues les maîtresses de leur fécondité ; et, au-delà des déclarations officielles sur le respect de la vie, c’est bien pour contrer ce mouvement que l’Eglise s’oppose à la contraception. D’autre part, j’ose espérer que, grâce à Internet, l’Etat est en train de perdre le monopole de la formation de l’individu qu’il exerce par le biais des Ministères de la Culture et de l’Education Nationale, et que toutes les femmes pourront bientôt avoir accès à leur Histoire. Au nom de ‘l’égalité’ entre les sexes, on omet de conseiller la vigilance aux jeunes filles. Il est notamment impératif de leur dire qu’elles se condamnent à une vieillesse amère si elles font un enfant avec un garçon qui croit être un homme parce qu’il parade partout avec une bière à la main.

Chaque épouse soigne son homme, isolée dans son salon. Si chaque femme, partageant son expérience quotidienne avec des amies nombreuses, savait que son histoire n’est pas ‘ son ’ histoire mais celle de l’immense majorité des femmes, elle n’hésiterait pas à faire tout ce qu’il faut pour se protéger. J’en appelle au prochain Président (ou à la Présidente) des Français qui rétablira le Ministère de la Condition de la Femme.



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