INTERVIEW AUTO-EDITION.COM
- Votre premier livre vient de sortir. Pourquoi ?
J'ai pris ma décision le 8 mars 2001, quand la police m'a sortie manu
militari du Village des Femmes où j'avais été invitée.
J'ai porté plainte mais ni Amnistie Internationale dont le stand était
en face du mien dans le Village des Femmes, ni la Commission Européenne
des Droits de l'Homme, ni aucune femme présente n'a voulu m'entendre.
Je demandais la liberté d'expression pour les mouvements spiritualistes
minoritaires et je m'attaquais à certains tabous, comme l'avantage supposé
qu'il y aurait à avoir un sexe qui pend entre les jambes plutôt
que des ovaires et un utérus ; je demandais aussi aux féministes
comment elles espéraient triompher quand par ailleurs elles trouvaient
naturel qu'en toutes choses le plus fort ou la plus forte l'emporte, quitte
à écraser son prochain. J'ai été accusée
de cacher une secte. Même les Renseignements Généraux ont
été mis à contribution.
J'ai rencontré dans ma vie diverses personnes qui m'ont encouragée
à écrire. Parmi ces personnes il y avait aussi des voyants. Mais
je me disais : " Ces personnes ne savent pas de quoi elles parlent, elles
ignorent que je n'ai jamais eu ma moyenne en français au lycée,
et puis, qu'est-ce que je pourrais bien écrire ? quand je parle, personne
ne m'écoute. "
Par ailleurs, les parents, sans le vouloir, sans le savoir, peuvent empêcher
leurs enfants de vivre leur vie. Les miens étaient de ceux-là.
J'ai reçu une éducation catholique et je me disais que si je m'exprimais
publiquement, ma mère pourrait littéralement en mourir. Je n'aurais
jamais pu me décider à écrire pendant que mes parents vivaient.
- Féminisme et spiritualité et engagement. L'engagement " contre " n'est-il pas un frein à la spiritualité ?
Ma conception de la spiritualité n'a pas grand rapport avec ce qu'on en dit généralement. Tous les caractères existent dans la nature et c'est bien ainsi. On se représente les spiritualistes comme des personnes " zen ", ou bien qui acceptent comme une bénédiction tout ce qui arrive, ou qui croient qu'il faut être aimable, charitable et en tout cas toujours positif. Etre positif quoi qu'il arrive, c'est pour moi se mentir à soi-même, il faudrait plutôt dire constructif. Il ne s'agit pas de " penser positif " mais de " penser juste ". Nous devons donc cultiver la clairvoyance et l'intelligence du cur pour être capable de toujours prendre la décision la plus opportune. Nos choix de vie dépendent des événements. Si les hommes oppriment les femmes, alors il faut combattre le patriarcat activement. Dire oui à l'autorité des hommes, ce n'est pas les aimer. On dit " Qui aime bien châtie bien. "
- Pourquoi " Le livre que toutes les femmes doivent avoir lu. " ?
Femmes ou hommes, nous sommes tous des êtres humains, mais les femmes ont un atout immense : elles portent les enfants. Et l'enfant ne naît pas le jour de sa naissance. Il séjourne pendant neuf mois dans la fabrique. On dit que toute l'éducation d'un Homme se fait avant six ans mais mon opinion est que le jour de la naissance, tout est déjà joué. C'est sûrement une des raisons qui m'ont fait quitter l'Education Nationale. Il m'est arrivé d'observer des enfants de cinq ou six ans que je pouvais facilement me représenter en prison dès l'âge de dix-huit ans. Dans " La Femme est l'Architecte de l'Homme ", j'essaie de montrer que si les femmes étaient instruites de leurs pouvoirs, elles posséderaient toutes les cartes nécessaires pour conduire le monde. Je pense que c'est en exploitant leur potentiel spirituel que les femmes pourront mettre fin au patriarcat. Ce livre se veut donc aussi un droit de réponse aux féministes institutionnelles et matérialistes qui ont depuis un certain temps le monopole de la parole partout dans les médias.
- Internet : Vos attentes ?
Je prie très fort tous les fournisseurs d'accès de rester sourds
aux tentatives gouvernementales de policer le droit de diffuser librement les
idées nouvelles.
Internet a énormément changé ma vie : c'est grâce
à Internet que je peux avoir accès immédiatement à
toutes les questions que je me pose. Auparavant, quand je prenais le téléphone
pour une question un peu indiscrète, par exemple pour obtenir l'analyse
de l'eau qui coulait au robinet de ma cuisine, je devais décliner chaque
fois mon identité, mon statut social, pour un peu on m'aurait demandé
ma religion et pour qui je votais ; et ma démarche aboutissait rarement.
Grâce à Internet, j'ai aussi découvert des vérités
insoupçonnables pour qui n'est pas témoin direct. Je pense surtout
aux témoignages des victimes d'inceste, je vous invite à aller
lire vous-mêmes le site http://inceste.org/ . Quand on est informé,
on risque moins d'avoir des paroles malencontreuses. Il faut exploiter à
fond les moteurs de recherche.
Je crois que je ne pourrais plus vivre sans Internet.
- Vos projets ?
J'ai écrit ce livre à l'intention des femmes du monde entier. Le féminisme n'est pas plus ringard en France qu'en Afghanistan. Les femmes doivent reprendre elles-mêmes la place que les hommes leur ont enlevée, parce qu'on voit extrêmement rarement les voleurs rendre d'eux-mêmes leur butin. En fait, nous n'en sommes qu'aux balbutiements du féminisme. Quant à écrire un nouveau livre, je dois d'abord diffuser celui-ci parce que je ne l'ai pas écrit pour qu'il dorme dans une bibliothèque. Et comme la diffusion en langue française est limitée, je souhaite le voir traduit en anglais. Pour ce qui est d'un deuxième livre, si toutefois il y en a un deuxième, il prendra la forme de lettres.
- " Mon opinion est que le jour de la naissance, tout est déjà
joué "
donc vous êtes contre le concept " L'existence
précède l'essence ", et aussi contre " l'évolution
permanente " ?
" L'existence précède l'essence. "
L'être humain croit qu'il vit sa vie alors qu'en fait il n'en est rien.
Il respecte le programme déterminé par sa mère pendant
la grossesse et naturellement aussi par la rencontre de tel ovule avec tel spermatozoïde.
Bien sûr l'Homme fait des choix mais ce ne sont jamais ces choix qui font
son destin. C'est le capital reçu à la naissance qui détermine
si un Homme deviendra quelqu'un ou bien un légume. Ce n'est pas par hasard
que nous nous trouvons en face de tel ou tel choix. C'est toute notre vie passée,
nos pensées de tous les jours qui nous ont placés devant ce choix.
La plupart des personnes qui débattent sur le sujet de la liberté
s'accordent pour dire que notre part de liberté est faible ; mais pour
donner une image, ce que je veux dire, c'est que le jour de notre naissance,
notre mère termine la fabrication d'une bobine. Le premier jour de notre
vie, nous commençons à tirer le fil ; quand tout le fil est déroulé,
la vie est terminée et on jette la bobine. Je ne vois que de la stupidité
dans l'arrogance d'un homme (ou d'une femme) qui connaît le succès
ou la gloire. Je peux prendre aussi l'exemple du jeu de cartes : nous ne choisissons
pas nos cartes mais pouvons en tirer le meilleur si nous sommes perspicaces.
Seulement, quand un joueur de cartes gagne, il oublie souvent de dire qu'il
avait reçu le meilleur jeu. Je voudrais donc souligner que l'humilité
est de la toute première importance.
" L'évolution permanente "
Bien sûr que je crois à l'évolution permanente mais les
petits pas qui font avancer ou reculer l'humanité ne se jouent qu'au
moment de choisir le père de son enfant et pendant la grossesse. Si l'humanité
est stagnante, c'est parce que les femmes sont ignorantes de ce fait.
- Que reprochez-vous à la psychanalyse ?
Je n'accorde aucun crédit à la psychanalyse. La psychanalyse est selon moi une théorie construite à partir de la pathologie sévère dont souffrait Freud lui-même. Freud a voulu faire de son cas personnel une vérité universelle. Il a compris que mettre le sexe au centre de sa théorie lui assurerait la notoriété et en cela uniquement il a vu juste. Pour le reste, je l'accuse de plagiat. Le concept de l'inconscient a été emprunté aux philosophies spiritualistes orientales. C'est le produit d'une adaptation vulgaire de l'idée bouddhiste de karma.
- Comme tout penseur majeur, Freud a étudié les penseurs qui l'ont précédé... Spinoza avait ainsi mis en exergue le fait que la plupart du temps les êtres humains ne sont pas conscients des causes réelles de nos actions (alors que les philosophies orientales étaient absentes de l'occident)... Ne trouvez-vous pas dangereux de constamment opposer ?...
Je ne reproche pas à Freud d'avoir copié mais de ne pas avoir eu l'honnêteté de le dire. Je viens de voir un documentaire où une personne qui l'a connu disait qu'il émettait des idées et que son idée devait aussitôt devenir un fait établi. Il avait des défauts très humains mais tous l'ont suivi, l'ont mis sur un piédestal, sans doute parce qu'ils y trouvaient quelque avantage. C'est vrai, la faute appartient tout autant à ceux qui l'ont écouté.
- Surprise : Francis Cabrel occupe plus de place que Schopenhauer
J'apprécie beaucoup la pensée de Schopenhauer mais je n'ai jamais entendu dire qu'il ait été féministe. Je mets avant tout en valeur les hommes qui ont eu des propos féministes d'avant-garde. Par contre, bien que ne connaissant pas Francis Cabrel davantage que vous, je peux dire que le passage que j'ai choisi est tout à fait d'avant-garde. J'attribue cette clairvoyance de la part d'un homme à l'intelligence du cur.
- Cabrel, Moi je n'étais rien mais voilà qu'aujourd'hui, je
suis le gardien du sommeil de ses nuits...
Vous ne trouvez pas plutôt qu'il s'agit d'un romantisme gnangnan et anti-spirituel
(celui qui croit devenir quelque chose parce qu'il aime quelqu'un...) ?
" Je ne dois pas parler, je ne dois rien vouloir, je dois juste essayer
de lui appartenir, Je l'aime à mourir, elle a dû faire toutes les
guerres
"
Les chances que Francis Cabrel ait écrit ces mots " par inadvertance
" sont infinitésimales tant elles respirent l'authenticité.
Les paroles de Cabrel sont plus profondes qu'on croit, sans doute faut-il posséder
le code pour comprendre. Les Occidentaux sont victimes de leur cartésianisme.
Un intellect surdimensionné leur joue des mauvais tours. Le cerveau n'est
qu'un outil de l'intelligence parmi d'autres. La vraie intelligence n'est pas
chez les intellectuels. Demandez au philosophe Régis Debré ce
qu'il en pense. J'admire Francis Cabrel, il peut tout dire sans avoir besoin
d'écrire des livres de philosophie.
- Si Schopenhauer avait été féministe... il n'aurait pas été penseur majeur !, il était au-dessus de ces différenciations mineures.
Et pourquoi Schopenhauer n'aurait pas pu être un penseur majeur et féministe
? Il aurait été selon moi deux fois majeur. Il a méprisé
les femmes, c'est une marque certaine que lui non plus n'était pas infaillible.
Vous appelez l'opposition hommes / femmes une différenciation mineure.
Ce n'est que votre opinion personnelle. C'est typique du camp des privilégiés
de dire que la différence est mineure entre les hommes et les femmes
; peu de femmes diront comme vous. Le lot réservé aux femmes dans
le monde est sans comparaison avec le lot réservé aux hommes.
Les hommes ont toujours de jolies idées mais dans le quotidien il en
va tout autrement. Une personne spirituelle dit comme elle agit et agit comme
elle parle. Le féminisme est incontournable parce qu'il faut forcer les
hommes à être à la hauteur de leur discours.
- L'opposition systématique hommes / femmes témoigne d'un besoin de combat très éloigné du cheminement spirituel qui fait rechercher la paix intérieure... N'y a-t-il pas une contradiction ?
Ma mère disait souvent " Ventre affamé n'a pas d'oreilles. " Cette phrase en disait très long. Ce sont les personnes qui n'ont pas reçu les outils linguistiques pour s'expliquer qui usent de ces phrases. Les femmes passent leur vie à courir après le pain qui leur permettra de seulement survivre au lieu de se consacrer à leur mission première. C'est parce que les hommes ont démissionné par égoïsme que les femmes ne peuvent accomplir leur mission et que nous en sommes toujours au Moyen Age. Il faut commencer par mettre les pendules à l'heure avant de demander aux gens de " s'aimer les uns les autres ". C'est une erreur de penser qu'il y aurait à faire un choix entre le féminisme et le cheminement spirituel. C'est même au nom de mon cheminement spirituel que je suis féministe. La spiritualité, c'est ce qui commande nos attitudes face aux réalités concrètes.
- Le féminisme est-il pour vous une forme de communautarisme ?
Pas du tout. Je défends la vraie cause des femmes et non les femmes elles-mêmes. Nous sommes dans une société peu évoluée où la force fait loi. Et la majorité des femmes ont adopté le principe sans comprendre qu'elles se perdaient elles-mêmes. Il est plus urgent d'expliquer cela aux femmes qu'aux hommes. Si un homme comprend mon propos, alors nous collaborerons. Si une femme travaille pour la cause patriarcale, alors je refuserai mon aide dans ses combats.
- Ne craignez-vous pas de tomber dans le travers que vous dénoncez chez Freud : vouloir faire de votre cas personnel une vérité universelle ?
Voilà où la spiritualité prend toute son importance. Le
monde invisible (je n'ai pas dit Dieu) existe ou n'existe pas. Je suis sûre
qu'il existe. Ce n'est pas une question de foi mais une certitude. Et quand
nous nions que le monde invisible existe, nous ne pouvons en aucun cas aller
dans la bonne direction. Suivre un matérialiste, c'est demander à
un aveugle de vous montrer le chemin. Quand on est spiritualiste, on ne peut
pas adhérer à l'idée que le monde s'explique très
bien par la libido. Je m'efforce de dénoncer cette escroquerie car ne
rien dire c'est être complice.
Personnellement, je n'ai rien inventé. Je navigue sur les sites Internet
du monde entier et je vois bien que les Français avec leur peur maladive
de la spiritualité sont montrés du doigt depuis le Japon jusqu'à
New-York via la Californie. A l'heure d'Internet, nous nous conduisons comme
des ringards. J'apporte ma pierre pour que cela change dès que possible.
Bien sûr je pourrais me retirer dans la solitude de la campagne comme
l'a fait un de mes meilleurs amis mais j'ai choisi d'essayer de rendre service.
Sans doute ai-je été programmée pour cela. Je me demande
si je dois remercier ma mère
- Vous abordez donc en fin de livre un viol à l'âge de 13 ans ; cet instant étant la genèse de ce livre tout n'est pas joué avant la naissance ! ?
Cet incident à l'âge de treize ans n'est en rien la genèse de ma vie. Les événements sont là pour révéler qui nous sommes. Je n'ai pas connu le malheur de la prostitution, ni dans le commerce du sexe, ni dans le mariage. Sans cet accident, je n'aurais jamais su défendre les prostituées. La capacité que j'ai de comprendre ce que peut vivre une prostituée, je l'avais le jour de ma naissance. J'ai découvert cette capacité en vivant un millième de ce que qu'elles vivent.
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Oscar Wilde : Echouer est contracter des habitudes.
Réponse : Je ne connais pas le contexte d'où cette phrase est extraite. Est-ce que cela veut dire qu'on ne peut être que partial quand on a vécu un malheur et qu'on veut discuter ensuite donner son opinion ? Il vaut mieux parler maladroitement de ce qu'on a vécu que de rester glacial devant les malheurs qu'on n'a pas vécus soi-même.
Oscar Wilde : Il est inutile de dire à quelqu'un une chose qu'il ne sent pas et ne peut pas comprendre.
Réponse : Parfaitement vrai, quoique certains vous diront que même ceux qui ne comprennent rien en apparence retiennent toujours quelque chose de votre discours s'il est percutant. Je n'écris pas pour ceux qui ne sentent rien, je ne suis pas assez solide pour cela, j'écris pour ceux qui ressentent la même chose que moi et se croient seuls dans leur souffrance.
Oscar Wilde : Ceux dont l'unique désir est de se réaliser ne savent jamais où ils vont.
Réponse : Encore une fois, Oscar Wilde devait penser à des personnes particulières que je ne connais pas. Personnellement, pour parler de personnes que vous et moi connaissons, je pense à Mitterrand ou Sarkozy. Cette phrase fait sans doute allusion aux écueils de l'égocentrisme. Effectivement, la première chose doit être de savoir où on va. Notre intellect ne nous permet pas de savoir quel est le meilleur chemin à suivre pour être pleinement satisfait de soi au dernier jour de notre vie. Quand on a accompli ce qui a été programmé pour soi, on se sent profondément heureux, à la manière des fleurs dans les prés qui semblent toujours satisfaites de leur sort. Il est très important de toujours garder sa boussole près de soi et d'interroger sa conscience chaque fois qu'un choix s'impose. L'expérience nous enseigne que les choix intéressés mènent finalement au désastre.
- Vous en appelez souvent au matriarcat... votre spiritualité ne vise
donc pas à la sérénité dans l'égalité
des citoyens mais à une domination sociale des femmes ?
La sérénité est hors sujet ici. Dans le mariage, des règles
de l'héritage existent pour protéger le conjoint survivant. Le
droit à l'héritage est un droit minimal. Personne n'empêche
un homme honnête de donner l'usufruit de tous ses biens à la mère
de ses enfants. L'idée est la même dans le modèle que je
propose. Il ne peut y avoir une vraie égalité quand la nature
a décidé que ce sont les femmes qui doivent porter les enfants.
Les hommes sont pour une grande part fous ou égoïstes. C'est pourquoi
il faut que le bail d'habitation revienne toujours à la mère.
Mais un homme qui a toute sa tête comprend que cette règle est
naturelle et conforme à la justice. Cette loi serait minimale aussi.
Par ailleurs, un homme doué de spiritualité comprend qu'il doit
faire profiter la femme qui l'aime des expériences enrichissantes dont
il profite pendant qu'elle est retenue à la maison pour cause de grossesse,
d'allaitement par exemple. Il installe la confiance dans son couple et en retour
la femme fera des enfants magnifiques. Le père recevra au centuple ce
qu'il aura donné.
Les couples se forment globalement entre personnes de dimensions spirituelles
voisines et la femme qui disposera d'un large choix saura choisir le meilleur
parti possible.
Une société où l'homme choisit la femme et confond viol
et devoir conjugal s'auto-détruit. C'est juste une question de bon sens.
La future maman ne peut ressentir que du mépris pour un père au
rabais. L'enfant qui naîtra deviendra un être humain rempli de haine.
Les hommes capables de spiritualité trouveront preneuse ; les irresponsables
et les pervers, faute de descendance, disparaîtront de la surface de la
Terre.
La nature a voulu que ce soient les femmes qui portent les enfants. Je trouve
que la nature a bien fait les choses mais je ne porte évidemment aucune
responsabilité personnelle dans cette affaire.
- Dans votre opposition vous occultez les différences hormonales entre femmes et hommes. Pourquoi ? Vous semblez préférer la confrontation à la compréhension ?
La raison d'être essentielle des hormones, c'est la nécessité
d'assurer le renouvellement de l'espèce. Toute considération morale
autour de ce sujet est insensée.
La supériorité n'est pas inscrite dans les hormones mâles.
Il a existé et il existe peut-être toujours des peuples où
les femmes sont physiquement aussi fortes ou plus fortes que les hommes. Chez
les paons, c'est le mâle qui se sert de son plumage pour plaire à
la femelle.
Les hormones ne peuvent pas servir de prétexte aux hommes pour se faire
excuser leurs abus de pouvoir. Les malheurs proviennent du fait que le monde
visible n'est qu'un monde des apparences et que nous ne voulons pas le comprendre.
Notre monde est gouverné par un monde invisible et au lieu de chercher
à percer ses secrets, les humains, et les Français sont presque
les derniers de la classe sur ce point, ont par orgueil ou ignorance, décidé
que le monde invisible appartenait au domaine de la superstition. De nombreuses
personnes prouvent que l'être humain a, par la force de sa pensée,
la capacité de faire des miracles.
Les grands de ce monde n'ont délibérément retenu du monde
religieux que l'idée d'un Dieu vengeur pour entretenir la peur chez leurs
sujets.
- Votre démarche est plus sociologique que philosophique ?
Un individu normal ne pense pas une heure en philosophe, puis une heure en sociologue. Toutes ces disciplines sont passionnantes mais elles ne sont séparées dans les universités que pour des raisons pédagogiques. Un sociologue ferait bien de savoir aussi penser en philosophe et réciproquement. Philosophie, sociologie, psychologie, métaphysique, logique, etc. font un dans mon esprit. J'ai toutefois une sympathie particulière pour la sociologie parce que la subjectivité y est beaucoup moins présente que chez les philosophes par exemple. Les sociologues savent mieux que d'autres garder de la distance dans leurs déclarations.
- Simone de Beauvoir est une référence féministe... vous ne semblez pas l'apprécier... (absence de références à son influence, les changements dans la société française obtenus par son impulsion) ?
Contrer le patriarcat qui est vieux de plusieurs millénaires est une tâche immense. Toutes les contributions faites de sincérité sont les bienvenues. Simone de Beauvoir a apporté beaucoup dans le sens où elle a fait exister le féminisme. Je lui suis donc reconnaissante. Si je ne la mentionne pas, c'est parce qu'elle est en dehors de mon sujet. Pour moi, il ne sert à rien d'entrer dans la concurrence intellectuelle avec les hommes. Même si les femmes les dépassent, les hommes ne le reconnaîtront pas. Laissons-leur quelque motif de fierté. Les femmes n'ont pas besoin de cela pour poursuivre leur chemin. Elles possèdent des armes plus efficaces.
- Avec ce " féminisme combatif " n'avez-vous pas l'impression de fournir des arguments aux misogynes, au machisme ?
Les femmes meurent tous les jours depuis plusieurs millénaires à
cause de l'éducation qu'elles ont reçue : un femme doit être
souriante, avenante, compréhensive, douce, etc. Dire comme vous, c'est
poursuivre le chemin qui nous a amenées au malheur. Il n'est plus temps
de louvoyer avec la question du patriarcat.
Frappez avec une baguette sur un clou que vous voulez enfoncer dans un bois
dur. Même après une vie entière, vous n'aurez pas progressé
du tout. Les misogynes et les machistes sont des personnes qui n'ont pas ou
pas encore la capacité de comprendre ou de sentir. Nous connaissons bien
leurs attitudes, qu'avons-nous à craindre de plus ? Il faut faire ce
qu'on doit faire sans prêter attention à leur agitation.
- Elisabeth Guigou démontre une stature de femme d'Etat. Votre opinion ?
Elisabeth Guigou est socialiste. Les femmes nommées par un gouvernement
socialiste sont aux ordres du parti socialiste, qui n'a rien de féministe.
On ne peut pas compter sur une femme qui dit défendre la cause des femmes
mais fait en même temps de la politique. Même dans le cas de figure
où les femmes auraient la parité en politique, ce ne serait qu'une
mascarade. Ces femmes ne sont pas élues par le peuple des femmes, elles
sont sous la protection de quelque homme politique en place. Si une femme politique
essayait de faire passer une loi vraiment utile aux femmes, le lobby des hommes
politiques " l'assassinerait " aussitôt. Si Simone Veil a obtenu
la légalisation de l'avortement, c'est au titre de l'autorité
qu'elle tire de son vécu personnel. Son titre de ministre n'est qu'accessoire.
J'ai vu les femmes politiques de gauche à l'uvre. A cause de leur
propre crainte ou admiration pour le pouvoir masculin, elles savent se montrer
plus despotes que le despote.
Conclusion
Il est inutile de tenter d'arrêter les guerres tant qu'on n'aura pas
admis que l'ennemi numéro un, c'est le patriarcat. Le patriarcat est
destructeur de la civilisation car il cherche son profit avant le respect de
la vie. Ce qui signera son arrêt de mort, ce sera la reconnaissance par
les femmes de la dimension spirituelle de l'existence. Dans mon livre "
La Femme est l'Architecte de l'Homme ", j'explique comment il est possible
dès aujourd'hui de changer de route.
Note : Pour celles qui militent dans d'autres mouvements de femmes, je voudrais préciser que je ne suis ni anti-avortement, ni une féministe essentialiste, juste une femme, et que chacune est unique.